L'histoire des peuples se nourrit de récits que la tradition enjolive. Les santons de Provence témoignent des traditions des gens d'ici. D’une crèche à l’autre, les sujets se retrouvent marqués par les détails de leur « géniteur » qui assure la descendance au gré de son humeur créative. C’est ainsi que les vieux métiers demeurent dans la tradition santonnière qui s’est également nourrie de la verve colorée de la Pastorale.
Les petits personnages de terre appartiennent à l'histoire des hommes de ce pays, à celle de leurs familles. Et chaque génération, à son tour, réécrit son histoire qui, du XIIIe siècle à nos jours, associe la Provence à la légende. Pour les uns, le santon est témoin de la chrétienté. Pour d'autres, il raconte la résistance du peuple de Marseille aux interdictions des messes de minuit sous la révolution de 1789.
Il y a aussi ceux pour qui les santons ont permis de proposer au plus grand nombre la réplique des crèches luxueuses réservées jusqu'alors aux seigneurs. Il y a encore les historiens de la culture provençale décrivant les santons comme fidèle reproduction des personnages des pastorales du XIXe siècle. Mais pour tous, le santon est d'abord marseillais*.
Il doit tout à ses créateurs et à la ferveur populaire. Son histoire se prolongera tant que les hommes nourriront cette passion de mettre en scène des personnages intemporels et mythiques (symbole du rêve et du mystère), mais aussi des personnages ancrés dans la réalité (symbole de la vie quotidienne).
* Nous vous renvoyons à l'ouvrage de référence de Régis Bertrand : 'Crèches et Santons de Provence' édition A.Barthélemy 1992, Avignon. Il s'agit d'un travail d'historien sur les faits avérés de l'histoire du santon (et sur ses zones d'ombre) depuis ses origines, d'une chronologie extrèmement documentée sur ses différents acteurs et d'une considération esthétique sur l'art santonnier, ses inspirations et ses influences. Régis Bertrand est professeur d'histoire moderne à l'Université de Provence (Aix-Marseille I)XIIIe s. | Première mise en scène d'une crèche vivante par Saint François d'Assise au cours d'une messe dans la forêt des Abruzzes (Italie - 1224) |
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XVIIe s. | Un capucin de Marseille, bon sculpteur, copie les personnages de la crèche de son couvent en petite dimension à l'usage du peuple |
XIXe s. | Apparition des premiers maîtres santonniers de Provence. Ils empruntent leurs personnages à la vie quotidienne (Lagnel). |
1803 | A Marseille, capitale santonnière, la 1ère Foire aux Santons a lieu sur le cours Saint-Louis |
1808 | Le cours Saint-Louis devient le cours Belzunce |
1853 | Foire aux santons boulevard du Muy |
1882 | La foire s'installe Boulevard des Capucines |
1883 | La foire s'installe enfin aux allées Meilhan, en haut de la Canebière |
1897 | Depuis la foire est annuelle. De nos jours elle se tient toujours en décembre. |
2003 | 200ème édition de la Foire |
2005 | La Foire est déplacée au Cours Estienne d'Orves |
2007 | Elle revient aux allées Meilhan. |
Outre les nombreuses décorations et distinctions qui honorent le travail artisanal de qualité réalisé depuis l’origine, voici quelques dates saillantes :
1900 | Le père de Marcel Carbonel, électricien, créait des crèches en liège qu’il vendait à la Foire
aux Santons de Marseille. L’une de ses créations est exposée dans un musée britannique... Le jeune Marcel s’initie, très tôt, à l’art santonnier. |
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1911 | Naissance le 17 juillet de Marcel Carbonel |
1923 | Mort accidentelle du père de Marcel. Ce dernier quitte les Beaux Arts pour apprendre un métier, la lithographie. Il passe chaque soir plusieurs heures à décorer des santons pour une santonnière (Mme Guinde). |
1935 | Marcel Carbonel crée ses premiers santons. |
1938 | 1er prix au Concours des plus belles parures de France. |
1942 | Il s’installe avec sa femme Clotilde dans un local rue Fort-Notre-Dame à Marseille (joliment appelée le pigeonnier, car la montée de l’escalier en était périlleuse) accompagné d’un mouleur et de deux décoratrices. |
1945 | Marcel Carbonel, Médaille Militaire (participation à la libération de Marseille). |
1946 | Installation au 2 de la rue du Commandant de Surian jusqu’en 1977. |
1947 | Il est élu président du syndicat des Santonniers (son mandat durera 21 ans). |
1959 | Il fonde avec Jean Héritier le Salon International des Santonniers en Arles. |
1961 | La discipline santonnière rentre par la grande porte de la Sorbonne où Marcel Carbonel sera le premier artisan santonnier à être distingué Meilleur Ouvrier de France. Il inaugure alors la catégorie «Santonnier» en créant cette œuvre, jugée par des pairs et les instances de cette institution. D’autres, depuis, ont suivi ses traces, telle Emilie Puccinelli. |
1962 | Marcel Carbonel, Médaille du Mérite National |
1973 | Les Ateliers Marcel Carbonel, Fourragère des Meilleurs Ouvriers de France à titre collectif. Philippe Renoux, petit-fils de M. Carbonel, commence son apprentissage à l’âge de 15 ans. |
1977 | Création de la SARL «Les Ateliers Marcel Carbonel» par Danièle et Alfred Renoux, la fille et le gendre du créateur au 84 de la rue Grignan. |
1982 | Philippe Renoux obtient la médaille d’or à l’Exposition régionale du Travail (Bouches-du-Rhône / Var). |
1987 | Installation des Ateliers Marcel Carbonel au 47 de la rue Neuve Sainte Catherine. |
1993 | Succession des Ateliers Marcel Carbonel assurée par Philippe Renoux. |
1995 | La collection des santons des Ateliers Marcel Carbonel est riche de plus de 700 modèles différents. C’est la plus importante collection santonnière de Provence. |
2000 | Sélectionnés par l’Ambassade de France près le Saint Siège pour représenter la France au Concours des 100 plus belles Crèches du Monde à Rome, les Ateliers Marcel Carbonel ont obtenu la Médaille d’Argent. |
2003 | Marcel Carbonel, Chevalier de la Légion d’Honneur. |
2005 | Anniversaire des 70 ans des premières créations de Marcel Carbonel et création d’une effigie en hommage au maître créateur. |
2007 | Les Santons Marcel Carbonel ont reçu du Ministère des PME, du Commerce et de l’Artisanat la distinction d’ Entreprise du Patrimoine Vivant. Ce label a été créé en faveur des PME pour promouvoir le développement des entreprises détenant «un patrimoine économique, composé en particulier d’un savoir-faire rare renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité et circonscrit à un territoire. |